Avoir besoin d'aide
pour descendre les escaliers,
au début cela doit être humiliant
car aveu de faiblesse et puis l'autonomie
n'est-ce pas la valeur première d'un individu
dans une société individualiste ?*
mais non seulement je pense qu'on s'habitue :
il y a même matière à l'apprécier,
cette occasion d'une nouvelle intimité
avec ceux qui nous aident
(autrement, vous aurais-je accompagnée aux toilettes,
Françoise ?)
et reconnaissent ainsi que prime
la relation sur la fonction.
*qui n'est pas la seule option, j'aimerais
le rappeler aux Occidentaux : même si
c'est difficile à concevoir quand on est dedans
et qu'on ne voit d'abord des sociétés tribales
(ce qui inclut l'Asie, l'Afrique, et nous avant la chute)
qu'exemples d'une perte inacceptable
à nos yeux, honteuse, et les quelques défauts
qu'entraîne l'irrationalité collective
(quand chacun sait que l'individu, lui, n'est que raison),
reconnaître qu'on apparaît
d'abord dans le rapport à autrui,
puis seulement après, quand on a une pièce à soi,
en tant qu'abstraction personnelle,
cela permet beaucoup d'amour
et de liberté au sein d'une seule règle :
ne pas enfreindre l'appartenance au groupe,
ce qui n'est pas trop compliqué quand
le premier principe de l'existence
est de continuer d'aimer ses parents.
(Psychanalyse : empêcher l'intimité avec les parents.
La chute : dominer la majorité en la divisant en individus.
Époque : la révolution bourgeoise.)