Je serais fou ça serait pareil :
je me croirais écrivain, mes écrits de l'art,
et hostiles ou indifférents se montreraient
ceux qui de telles questions décident.
Mais je suis névrotique, pas psychotique
(tels que je les comprends, l'un se fourvoie
sur la réalité de ce qu'il perçoit comme étant soi,
l'autre de ce qu'il perçoit comme étant le monde),
et c'est déjà une bonne nouvelle :
comme j'évalue à zéro
la valeur attribuée à mes écrits, partant
à ma personne comme écrivain,
et que par définition je me trompe,
ma valeur est à la fois non nulle
et infiniment supérieure à mon évaluation,
ce qui n'est pas non réconfortant ;
et comme j'évalue à beaucoup
la valeur de mes écrits en tant qu'objets qui
existent dans le monde tel que je le perçois,
et que par définition je me trompe
pas sur ça, pas sur le monde
tel qu'il est pas tant qu'il est perçu
par ceux que je ne vois qu'à travers le miroir
d'un moi que je distingue mal,
peut-être est-ce exact. Or c'est à ce genre
de tautologie onaniste qu'on reconnaît
l'approche de la divinité : je le disais,
je serais fou ça serait pareil.
