J'écoute le pianiste en regardant
des culottes menstruelles
pour me donner l'air naturel
au milieu du Monoprix.

Il sait jazzer, ce vieux gribou,
qui répondra timidement
d'un petit sourire à, ensuite,
mes applaudissements.

C'est un usage peu fréquent,
hélas, de cet instrument
mis à disposition d'un public
plus friand d'Amélie Poulain,

dont le clavier me tente chaque fois
que je m'avance vers les caisses
avec mes sacs de course et ma
timidité à moi.

Peut-être un jour, comme lui,
saurai-je m'indifférer d'autrui
assez pour offrir à autrui, sans
risque d'en souffrir, le jazz

que je contiens peut-être aussi,
sous sa forme mozartienne
ou autre extra-terrestre
entité inconnue.

Mais pour l'instant, je fais semblant
d'avoir une raison d'être là,
quitte à examiner des vêtements
qui ne me sont pas destinés

mais dont j'admire la résilience.

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