Lorsque je fus juré d'assises, j'eus à juger
sur deux semaines trois affaires de viol,
qui sont les plus compliquées, le crime
et non l'identité de son auteur présumé
étant incertain et l'objet du débat,
faute généralement de témoins.

Étant assez impressionnable
et consciencieux à l'extrême,
mes efforts pour y voir clair
entre les deux versions des faits présentées
se poursuivaient la nuit, dans mon demi-sommeil,
tournant et retournant les éléments douteux

jusqu'au matin, et après
onze nuits de ce régime,
j'étais un peu fatigué
le dernier jour
et soulagé
d'en avoir terminé.

Mais la douzième nuit, mon cerveau
éperonné par l'habitude sans doute,
refusa encore de me laisser dormir,
inventant de toutes pièces une nouvelle affaire
de viol aussi, avec une nouvelle victime
présumée, un nouvel accusé,

de nouveaux éléments dont il me fallait
à tout prix établir la vérité.

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